Trop vieux pour plaire ?! Vieillir dans le regard gay

La dictature du jeunisme dans le milieu gay

C’est plus vrai ici qu’ailleurs. Chez les homos, l’âge agit comme un filtre sévère. On ne parle pas seulement de rides ou de poils blancs : c’est tout un système qui trie, sélectionne, élimine. Le regard se fixe sur ce qui brille, ce qui bande vite, ce qui s’affiche. Un torse ferme vaut plus qu’un cœur ouvert. Une peau lisse vaut plus qu’un regard tendre.
C’est violent et paradoxal aussi. Parce qu’on appartient à une communauté qui a longtemps été marginalisée mais qui reproduit, en son cercle, ses propres formes d’exclusion.

L’étiquette « senior » arrive plus tôt que prévu

Le « Grindereux » ne dit pas forcément « Tu es trop vieux ». Il ne s’encombre pas nécessairement à répondre, car il a soigneusement inscrit dans son profil une liste d’interdits pour ne pas se fatiguer, ou alors il va vous dire des choses très désagréables qui dépassent le cadre d’une conversation humaine jusqu’à la cruauté, parfois. C’est normal d’avoir des goûts et des objectifs de vie qui vous poussent à refuser certaines personnes, notamment par rapport à l’âge, mais il ne faut pas être non plus à cheval en considérant qu’un an au-delà d’une limite artificielle est une chose gravissime ! Qu'est-ce que changent quelques mois sur le reste ?
On ne sait jamais vraiment quand on devient « quelqu’un de l’autre côté ». La veille, désiré, le lendemain invisible. Alors quoi ? On fait quoi à 50 ans ? On plie bagage ? On s’inscrit à la pétanque ? Non, pas forcément. On respire, et on vit éventuellement autrement.

Hors des applis, une autre réalité existe

Il y a une vie hors ligne. Une vraie. Sans algorithmes, sans marchandisation des corps, sans ces petites stratégies de marketing personnel qu’on appelle "profils". Anthony, par exemple, n’a pas laissé Grindr décider à sa place. À 50 ans passés, il a rencontré Loïc lors d’une visite bénévole au sein de son association du patrimoine. L’amour n’a pas frappé en message privé, il s’est glissé dans des regards, des discussions pendant la visite puis au restaurant après l’invitation de Loïc. Ils se sont plu, lentement et profondément…
Aujourd’hui, ils partagent tout, les petits comme les grands moments, les pires comme les meilleurs, en continuant à s’aimer avec tendresse et complicité. Ça vaut tout l’or du monde !

Vieillir n’est pas un drame (et ce n’est pas contagieux) - c’est même une liberté

L’âge n’est pas un mur, c’est un seuil. On y passe tous. Et si on le traverse en douceur, sans s’accrocher à la jeunesse comme à une bouée, il peut offrir quelque chose d’inestimable : du recul, du calme et du vrai désir, celui qui prend le temps, celui qui écoute, celui qui ne cherche pas à être validé toutes les cinq minutes.
Vieillir, c’est parfois se délester, du regard des autres, des injonctions à plaire et des dictats de la performance.
Et c’est là qu’on retrouve le plaisir d’exister, tel qu’on est, ici, maintenant et surtout sans filtre.

Un épisode romantique pour tous

Anthony, vous le connaissez peut-être déjà. Et si ce n’est pas le cas, je vous invite à découvrir la dernière partie de sa mini-série dans mon podcast, après avoir écouté quand même les deux premières parties. C’est un épisode où l’amour prend son temps, et où la tendresse devient éternité.

Et si le fantasme ultime, c’était juste de vivre un vrai en amour ?

À écouter à la page "podcast" grâce au lecteur sinon ici ou sur votre plateforme d'écoute habituelle.

💦 Alors, à vos écouteurs... Prêt ? Envolez-vous !
🦸‍♂️ Phalluranius